Ces produits sont issus de l’agriculture biologique. Ils ont été cultivés sans engrais, sans pesticides et sans fongicides. Leur production n’est donc pas nocive pour l’environnement. Etant biologiques, ces légumes “d’hiver” sont vendus à l’époque de leur saison “naturelle” Leur production est répartie un peu partout dans l’hexagone. En France, il y a 15 000 agriculteurs biologiques (3 % des exploitations). Et ce chiffre est en augmentation depuis le début des années 2000 (en moyenne 2,5 % par an). Le “bio” est de plus en plus répandu malgré le coût élevé des produits. Même les grandes surfaces proposent des légumes biologiques. La solution pour préserver l’homme et la planète ?
Pas si sûr. Si on regarde de près les étiquettes de provenance, on s’aperçoit que certains de ces légumes sont importés. Ces carottes par exemple, que l’on peut trouver dans un étalage parisien, sont importées d’Italie. Un véritable paradoxe si l’on sait que la production de carottes biologiques existe en Ile-de-France. Pour arriver dans le panier de la ménagère française, ces carottes italiennes empruntent différents moyens de transports : bateau, avion, route etc. Ces transports sont polluants et contribuent à augmenter le taux de CO2 dans l’atmosphère, gaz responsable en partie du réchauffement climatique.
Dès lors, jusqu’à quel point ces carottes italiennes sont-elles écologiques pour nous, Français ?
L’arôme de vanille est le plus utilisé dans le monde pour les desserts, les boissons et quelques parfums. Depuis des années, la demande des consommateurs ne cesse d’augmenter. Or, la production mondiale de gousses de vanille ne dépasse pas 2500 tonnes par an pour extraire au final 50 tonnes de vanilline. Trop peu pour soutenir la demande. On produit en revanche dans le monde 15 000 tonnes par an de vanilline artificielle. Cet arôme industriel a donc largement pris le pas sur l’arôme naturel de vanille afin de faire face à l’ampleur des besoins.
Cette présence massive d’arôme artificiel de vanille sur le marché a des conséquences sur le goût des consommateurs. Des études montrent que ceux-ci ont de plus en plus de mal à distinguer l’arôme naturel de l’arôme artificiel. Ainsi, sur deux flacons “aveugles”, l’un artificiel et l’autre naturel, 40 % des participants se trompent ou ne différencient pas les deux goûts. Les arômes artificiels ont donc une influence importante dans notre perception du goût. Faut-il l’accepter, ou renoncer à notre frénésie de vanille dès lors que les produits commercialisés font usage de l’arôme de synthèse ?
Délire d'ingénieur agronome en laboratoire ? Comment est-il possible d'obtenir du maïs brun ou noir si ce n'est par manipulation génétique ? Eh bien non, ces épis de maïs sont 100% naturels. A l'origine, le maïs vient du Mexique. Aussi loin qu'on s'en souvienne, son histoire se confond avec celle des premières civilisations amérindiennes (Olmèques, Mayas, Aztèques). On estime qu'au Mexique, il existe environ 600 variétés différentes de maïs (brun, rouge, vert). Dans ce pays, il constitue un des aliments de base et toutes les variétés de sa production sont appréciées.
Cet épi de maïs vous paraît plus appétissant ? C'est vrai que pour nous, Européens, le maïs est d'abord jaune ! Pourtant, il y a de fortes chances pour que ce plant soit un OGM (Organisme génétiquement modifié), car aux Etats-Unis, premiers producteurs de cette céréale, 80% de la production est effectivement OGM. Pourtant, même si l'on sait que les apparences sont trompeuses, sommes-nous prêts à aller contre nos représentations et manger du maïs vert ou rouge, ou bien des légumes difformes ? Entre attrait pour le « naturel » et contentement de tous nos sens, il faut parfois choisir.
La cuisine française, un chef d’oeuvre en péril ? Depuis fin 2010, l’UNESCO, organisation de l’ONU chargée de la culture et de l’éducation, a inscrit le repas gastronomique des Français au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, une liste qui vise à protéger les cultures et traditions populaires. Les experts de l’UNESCO ont estimé que le repas en France relevait “d’une pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes”. Le fameux menu “entrée-plat-fromage-dessert”, pièce centrale de notre culture populaire et d’une forme de lien social, rentre ainsi au panthéon de l’humanité.
Pourtant, la pratique du repas évolue beaucoup chez nous ces dernières années. Le marché français est de plus en plus porteur pour les chaînes de fast-food qui bousculent la conception traditionnelle du repas pensé comme un temps d’échange et de discussion. Pourtant, dans la pratique, les choses sont plus complexes. Selon une enquête réalisée pour une grande chaîne de restauration rapide, 80% des clients n’achètent pas “à emporter” et préfèrent manger sur les lieux. Près de 40% d’entre eux indiquent passer entre une demi-heure et une heure sur place. Et que dire de ces jeunes gens qui, en bande, y demeurent des après-midi entiers ? Comme quoi manger vite ne veut pas forcément dire que les lieux de consommation alimentaire ne sont plus des lieux privilégiés de socialisation.
Un régime équilibré est la clef d’une bonne santé. Le citoyen dispose d’une multitude de sources pour s’informer et orienter ses choix alimentaires. Emissions animées par des chefs, conseils de diététiciens et régimes anti-cholestérol dans les magazines, sites Internet spécialisés etc. La vague des “produits bio”, que l’on trouve maintenant un peu partout et même dans les hypermarchés, est symptomatique de cette époque où le citoyen veut maîtriser le contenu de son assiette et manger sain.
Mais certains chercheurs parlent eux de “cacophonie de l’alimentation” pour décrire ce qui ressemble à de la surinformation. A qui se fier ? Comment le citoyen peut-il faire ses choix ? Et si, pour savoir comment bien manger, nous faisions d’abord confiance à nos envies ! Car manger doit avant tout rester une affaire de plaisir. Et cette dimension essentielle contribue aussi à notre bien-être. En d’autres termes, utiliser la nourriture juste pour faire tourner la machine ne suffit pas. Il faut savoir aussi écouter tout simplement nos envies.